Mis en ligne par
Ignace de Witte
le
1er septembre 2013
Le groupe Caillé souhaitant se recentrer sur certaines activités et Mondial pare-brise n’étant pas jugé «stratégique», François Caillé a accepté de céder cette franchise à un de ses anciens salariés, Éric Bruas, qui a pour l’occasion sauté le pas et est devenu son propre patron.
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Donc, vous avez racheté à François Caillé une entreprise dans laquelle vous étiez salarié?
Éric Bruas: Oui, je connaissais le potentiel de cette enseigne, qui n’était pas forcément exploité au mieux car ce n’était pas une activité stratégique. Je me suis dit qu’il y avait quelque-chose à faire et j’ai fait une proposition à François Caillé pour racheter les parts sociales. Avec mon épouse et mes enfants, on a créé une SAS, qui a racheté la société Run Glass. À terme, dans une dizaine d’années, ce sera mon fils, aujourd’hui âgé de 25 ans, qui va prendre le relais. Il travaille actuellement dans une autre entreprise et s’occupe de la logistique.
C’est important je suppose la logistique, car vous ne pouvez pas avoir en stock tous les pare-brise de toutes les voitures du marché?
Éric Bruas: La logistique, c’est fondamental. Jusqu’à présent, Mondial pare-brise s’approvisionnait à 80% localement, maintenant, on s’approche des 20%.
C’est plus intéressant?
Éric Bruas: Oui, on commande directement chez Saint-Gobain ou Pilkington. Pour l’anecdote, je me souviens d’une vitre de custode pour une voiture japonaise facturée 600 € chez le concessionnaire local: c’est abusif! En commandant directement chez le fabricant on fait faire des économies à nos clients. On reçoit des pare-brise par avion chaque semaine et par bateau une fois par mois.
Je n’ai aucune idée mais le marché du pare-brise à La Réunion, c’est un marché important?
Éric Bruas: C’est un marché relativement important. Selon les statistiques des assureurs locaux, les assurés font jouer la garantie «bris de glace» entre 20.000 et 30.000 fois chaque année à La Réunion. Ce chiffre couvre les pare-brise et tous les vitrages de la voiture, lunette arrière, glaces latérales, toit panoramique, et même les optiques de phares et les rétroviseurs. C’est très important de souscrire la garantie «bris de glace»: cela ne coûte que quelques dizaines d’euros alors que le remplacement d’un pare-brise c’est tout de suite 300 ou 400 € . 90% de nos clients ont une garantie «bris de glace» mais cela en fait encore 10% qui ne l’ont pas, c’est beaucoup.
Vous êtes combien à la Réunion a faire du remplacement de pare-brise?
Éric Bruas: On est quelques-uns, il y a les spécialistes, comme nous, mais il y a aussi quelques carrossiers qui le font. Mais c’est quand même une spécialité automobile. Et nous ne sommes que trois ou quatre a être agréés par les assurances, c’est-à-dire que le client ne doit pas faire l’avance des frais de réparation.
Vous changez mais vous réparez également les pare-brise?
Éric Bruas: Oui, on peut réparer un impact sur un pare-brise avec de la résine transparente, mais uniquement s’il n’est pas dans le champ de vision du conducteur.
C’est quoi votre point fort par rapport à vos concurrents?
Éric Bruas: J’ai la chance d’avoir du personnel très qualifié. Il n’existe pas ici de formation de poseur de pare-brise. En métropole, Car Glass a sa propre école. J’ai la chance d’avoir recruté récemment deux Réunionnais qui ont 6 ou 7 ans d’expérience chez Car Glass en métropole. Ils sont vraiment très bons. Il faut savoir que le pare-brise est devenu une pièce très technique: par exemple, un pare-brise avec un détecteur de pluie, ce n’est pas pareil qu’un pare-brise sans détecteur de pluie. On a aussi investi dans des outils. On a un stock d’environ un millier de pare-brise, les modèles les plus courants, on a mis en place une logistique qui nous permet de réduire les délais à une dizaine de jours (contre 15 jours quand on passait par les concessionnaires locaux). On met à disposition un véhicule de courtoisie, on pose un film transparent sur les vitres latérales ou les lunettes arrières cassées en attendant l’arrivée de la pièce, on passe l’aspirateur dans le véhicule, on dispose d’une camionnette pour intervenir chez le client, comme par exemple samedi dernier pour un camion, etc. Mon objectif, c’est toujours la satisfaction du client.
C’est vrai que c’était déjà votre leitmotiv chez Midas. D’ailleurs, parlez-nous un peu de votre parcours.
Éric Bruas: Je suis donc arrivé à La Réunion en 2000, comme directeur du centre d’appel d’Orange. En 2002, j’ai rejoint le groupe Caillé, pour développer la carte de fidélité Grand’R. Cela a été une expérience très enrichissante car cela m’a permis de nouer des contacts avec toutes les grandes entreprises de La Réunion. La Carte Grand’R, c’était un outil très puissant, adossé à une formidable base de données. Ensuite, en 2007, je suis passé chez Midas: un autre domaine mais toujours tourné vers le service au client. Le directeur précédent de Midas s’occupait aussi de Mondial pare-brise, quand il est parti en 2010, j’ai pris le relais. Je disposais donc de tous les éléments, le tableau de bord, je connaissais le marché, etc. pour reprendre l’entreprise en parfaite connaissance de cause. Les gens m’ont dit: «Mais tu es fou, regarde, là tu as une voiture de fonction, le téléphone, etc.» Mais j’aime me remettre en question. Mondial pare-brise, c’est un beau challenge. Et je remercie François Caillé de m’en avoir donné l’opportunité.
Je suppose que vous avez dû convaincre votre banquier de vous suivre sur ce coup là: comment est ce que cela s’est passé?
Éric Bruas: Difficilement! On avait pourtant préparé un super dossier avec notre expert-comptable, avec un business plan détaillé, etc. je connaissais bien l’entreprise puisque je m’en occupais depuis plus d’un an. Le conseiller clientèle m’a dit: «Je vais étudier votre dossier et je vous recontacte d’ici 10 ou 15 jours». En fait, il nous a finalement répondu qu’il nous suivait si on mettait 30% de la somme sur la table… J’ai repris mon dossier et je suis parti voir un autre banquier, qui s’est montré plus compréhensif: la Banque de La Réunion. On a donc transféré tous nos comptes, professionnels et privés chez lui. On a déposé le dossier à La BR en septembre et en décembre on a pu ouvrir.
Vous n’êtes pas qu’à Sainte-Clotilde?
Éric Bruas: Mondial pare-brise dispose actuellement de quatre centres, tous très bien situés: Ste-Clotilde (28 avenue Desbassyns), Saint-Paul (parking Leader-Price Chaussée Royale), Saint-Louis (zone de Bel Air à côté de Midas) et Saint-Benoît (Centre commercial de Beaulieu, là aussi à côté de Midas). Le sud, c’est prévu d’y aller, à moyen terme, sans précipitation, quand les quatre centres auront trouvé leur vitesse de croisière, après 2014 je pense.
