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auteurMis en ligne par Ignace de Witte le 14 août 2011

Arzou Mahamadaly, président de la branche concessionnaires du SICR

«Il y a une reprise du marché, mais pas encore de la consommation des ménages»

Le marché automobile semble reprendre du poil de la bête. Si on y regarde de plus près, on se rend compte que les ménages n’y sont pour rien: ce sont les entreprises qui renouvellent leur flotte, tirant vers le haut les chiffres de ventes de VUL (Véhicules Utilitaires -3,5 tonnes) et de VP (Véhicules Particuliers). Arzou Mahamadaly revient également sur les soubresauts qui agitent le groupe Caillé. Il est optimiste: le marché VP a atteint son «point mort bas» et, comme le piston d’un moteur, il va maintenant remonter!

(Cliquez sur les photos pour les agrandir)

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Arzou Mahamadaly (SICR)

Alors, est ce que c’est vous le nouveau président du CNPA (Conseil National des Professions de l’Automobile) à La Réunion?

Arzou Mahamadely: Non ! à la Réunion, il y a le SICR (Syndicat de l’Importation et du Commerce de la Réunion), qui est affilié au CNPA. Le SICR est présidé par Frédéric Foucque et je suis moi le trésorier. Le SICR est composé de plusieurs branches représentant de nombreuses activités avec, il est vrai, une forte composante du secteur automobile. Jusqu’à présent, Frédéric Foucque était non seulement président du SICR mais également président de la branche “concessionnaires”, et moi, j’étais vice-président de cette branche. Comme Frédéric Foucque a revendu la carte Citroën, il a abandonné la présidence de la branche concessionnaires, pour me la confier. Et c’est Marc Tézenas (Renault, Hyundai) qui a été nommé à ma place de vice-président. Je suis donc trésorier du SICR et président de la branche concessionnaires.

Est ce que le marché automobile réunionnais se redresse?

Arzou Mahamadely: À ce jour (25 juillet), au vu des tout derniers chiffres, le marché est en progression de 9% et, en volume, cela fait 13.900 véhicules vendus (VP+VUL). Si on entre dans les détails, on constate que le marché des VU progresse de 20%, avec 2700 véhicules neufs vendus, et que le marché des VP progresse de 6%, avec 11.200 véhicules vendus. Mon analyse est qu’à cause de la crise de 2008-2009, de nombreuses entreprises ont différé leur achat/renouvellement. Certaines entreprises ont également renégocié avec leur organisme de crédit un allongement de la durée de crédit. Mais en 2011, ces entreprises arrivent à un point où elles doivent impérativement renouveler le matériel.

Habituellement, les Réunionnais achètent leur voiture en fin d’année : est ce que d’après les chiffres du 1er semestre (12.500 unités) , on peut s’attendre à ce que le marché remonte enfin et dépasse cette année les 25.000 véhicules neufs?

Arzou Mahamadely: C’est difficile à dire. Ce qu’il faut préciser, c’est qu’il n’y a pas que les particuliers qui achètent en fin d’année, les entreprises aussi, à cause de la défiscalisation notamment. Mais il faut aller plus loin dans l’analyse pour comprendre la tendance du marché: les ventes de VP progressent de 6% mais cette progression tient essentiellement aux achats d’entreprises (et administrations) et seulement pour 0,5% aux particuliers. Il y a donc une reprise du marché, mais pas encore de la consommation des ménages. En outre, on constate que la consommation des ménages évolue. Auparavant, pour beaucoup de Réunionnais, l’automobile était quelque-chose de très important: ils avaient une petite case mais une belle voiture. Maintenant, les ménages dépensent leur argent différemment, télévision satellite, internet, voyages, restaurant, cinéma, etc.

Est ce que ce n’est pas dû au fait que l’automobile n’est plus autant synonyme de plaisir comme auparavant mais de radar, de PV, de bouchons, etc. Et puis, il n’y a plus de salon de l’auto depuis des années, alors que c’était une manifestation très appréciée des Réunionnais, c’était la grande fête de l’automobile, qui se déroulait tous les deux ans, en alternance avec le Mondial de l’Automobile de Paris. Une «année salon», comme 2005, il s’est vendu 32.000 voitures neuves à La Réunion.

Arzou Mahamadely: C’était effectivement une grosse manifestation, très attendue, qui attirait plus de 100.000 visiteurs: c’est pas mal sur une île qui comptait 600.000 habitants! Il y a eu les travaux au parc des expositions de Saint-Denis et puis il y a eu la crise. S’il n’y a plus de salon, c’est parce que les deux plus «gros» bloquent: Peugeot, à cause des problèmes du groupe Caillé, et Renault, parce que le Groupe Bernard Hayot ne souhaite pas y aller. Sans eux, c’est impossible de faire un vrai salon. Je ne pense pas qu’il y aura à nouveau un jour un salon de l’auto à La Réunion; c’est dommage. Même à Mayotte, il y a un salon, alors que le marché n’est que de 1300 voitures par an!
Et puis, la clientèle a évolué : c’est fini le temps où les Réunionnais qui en avaient les moyens changeaient de voiture tous les deux ans, au rythme du salon. Aujourd’hui, le consommateur prend le temps de réfléchir, de comparer les taux de crédit, etc. Il n’achète plus sur un coup de cœur. Cela commençait déjà à se ressentir avant la crise, dès 2006-2007.

Le marché réunionnais est passé de 30.000 VN à 25.000 mais, en plus, est ce que les Réunionnais n’achètent pas des voitures plus petites? Auparavant, les Réunionnais n’aimaient pas trop les toutes petites voitures, les citadines genre Peugeot 107 ou Citroën C1, maintenant, il y en a plein les rues! La baisse du marché n’est elle pas encore plus forte en € qu’en unités vendues?

Arzou Mahamadely: Le segment des petites voitures a progressé, en volume et en valeur, et celui des grosses (+ 2 litres) s’est maintenu; c’est le segment des voitures de moyenne gamme qui a le plus souffert. Ce qui boost le marché, c’est aussi l’actualité produit, par exemple à La Sogécore, on est en ce moment à +35% parce qu’il y a eu le nouveau Qashqai, le Juke, la nouvelle Pixo et le van NV200. L’actualité produit nous a aidé à traverser la crise.

Est ce que les professionnels de l’automobile sont écoutés des pouvoirs publics, en ce qui concerne les radars, la route du littoral, etc?

Arzou Mahamadely: On n’est jamais consulté. Quand la crise a frappé la Réunion de plein fouet, nous avons demandé à La Région de baisser, provisoirement, le taux d’octroi de mer, ou bien d’instaurer une prime locale: ils ont refusé. C’est leur choix. L’ancienne majorité (Paul Vergès), était assez anti-voitures. Mais, d’après moi, avec 5000 voitures de moins vendues chaque années, la Région encaisse moins d’octroi de mer.

Le marché automobile a chuté, mais celui de la moto également…

Arzou Mahamadely: C’est encore pire: la moto, c’est -50%. Mais j’ai bon espoir que le marché (auto et moto) se redresse. D’après moi, on a atteint le point le plus bas et cela va maintenant remonter. On va passer à un million d’habitants dans quelques années, avec une population jeune, les gens ont besoin de se déplacer.

On ne peut pas éviter de parler des problèmes rencontrés par Caillé et Foucque: est ce qu’il n’y a pas tout simplement trop de marques à La Réunion par rapport au marché? Est-il possible d’avoir toutes les marques automobiles représentées à la Réunion, chacune avec un show-room et avec, en plus, un site dans le Nord, un autre dans le Sud et un troisième dans l’Ouest? Cela engendre d’énormes frais fixes! Est ce que certaines marques ne vont pas disparaître?

Arzou Mahamadely: On essaie d’intégrer. Avant, les constructeurs exigeaient des show-room séparés, plus maintenant, sauf quelques-uns, comme par exemple Infinity (ndr: qui est à Nissan ce que Lexus est à Toyota, la marque prestige). C’est d’ailleurs pourquoi nous n’avons pas d’Infinity : pour 10 voitures par an, un show-room dédié ce n’est pas rentable. En ce qui concerne Kolors par exemple (ce n’est un secret pour personne, c’est déjà paru dans la presse), ils cherchent à se séparer de certaines marques: GBH (Groupe Bernard Hayot) va sans doute racheter mais il va intégrer les nouvelles marques dans un de ses show-room existant. Nous aussi à la Sogécore nous nous sommes positionnés et si nous reprenons une carte, c’est pour l’intégrer. Nous disposons de 15.000 m2 à Saint-Denis (où nous sommes propriétaire), d’un site à Saint-Pierre, à Saint-Paul et à Saint-André. Lors de l’ouverture de la Route des Tamarins, on s’est posé des questions mais, finalement, les volumes réalisés à St-Pierre et St-Paul justifient de les maintenir ouverts.

un dernier mot?

Arzou Mahamadely: Oui, sur le dialogue social: la profession bénéficie actuellement d’une convention locale, différente de celle de la métropole. Les syndicats de salariés souhaiteraient voir la convention de métropole s’appliquer ici. Le problème, c’est que le contexte local est totalement différent. Nos coût, nos marges ne sont pas les mêmes. Et puis, adopter la convention nationale voudrait dire que les négociations salariales ne se feraient plus localement mais au niveau national, où le marché est totalement différent. On l’a bien vu avec la prime à la casse: elle a bien fonctionné en métropole, où le parc automobile est ancien, elle a beaucoup moins bien fonctionné à la Réunion, parce que le parc automobile est plus récent, il n’y a que très peu de voitures de plus de 10 ans en circulation. L’inflation est également différente à la Réunion et en métropole, etc. C’est pourquoi nous voulons absolument garder les négociations au niveau local et donc conserver une convention locale.


SICR ?

Le Syndicat de l’Importation et du Commerce de la Réunion est né en 1953 (avant l’indépendance de Madagascar) sur une conception de la société parfaitement exprimée par son président, Frédéric Foucque, qui cite Jean Jaurès: «Il n’y a de classe dirigeante que courageuse. À toute époque, les classes dirigeantes se sont constituées par le courage, par l’acceptation du risque…»

 # actus 

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