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auteurMis en ligne par rédaction le 5 septembre 2022

Raffinerie SARA aux Antilles

Et pourquoi pas une raffinerie à La Réunion ?

Nous l’avions déjà relevé en 2020: au mois de mai, le SP95 était 1 centime moins cher que le diesel en Guadeloupe et en Martinique. Cette fois-ci, c’est plus important: depuis le 1er septembre 2022, le SP 95 est 4 centimes moins cher que le diesel en Guadeloupe et 2 centimes moins cher en Martinique et en Guyane (tableau complet).

Cela s’explique par le fait que La Réunion et Mayotte importent des produits finis d’Asie, alors que la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont majoritairement alimentés par la SARA (Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles) située au Lamentin (Martinique).

La raffinerie en construction sur la zone industrielle du Lamentin à la Martinique en 1969 (photo © DR)

À chaque fois que nous avons demandé pourquoi la Réunion n’avait pas sa propre raffinerie comme aux Antilles, on nous a répondu que l’île représentait un marché trop petit pour que cela soit rentable. Mais Martinique, Guadeloupe et Guyane représentent ensemble une consommation de carburants identique à celle de la Réunion et Mayotte. C’est donc plutôt un choix politique. En 1969, en pleine guerre froide entre l’URSS et les USA, c’est pour garantir l’indépendance énergétique des Départements Français d’Amérique que le général de Gaulle a décidé la création de la SARA, car une raffinerie ce n’est pas seulement un «centre de profit» !

La SARA a été construite en 1969 par les deux groupes pétroliers français de l’époque, Elf et Total, en association avec Shell, Esso et Texaco. Elle a livré ses premiers litres de carburant en 1971 et régulièrement modernisée pour suivre les normes européenne. Sa capacité de traitement est actuellement de 820.000 tonnes de brut par an. La SARA produit du SP95, du diesel, du jet et prochainement de l’hydrogène. La SARA représente 245 emplois directs et 300 emplois indirects.

Incorporer 85% de bioéthanol produit localement

Une raffinerie permettrait à La Réunion d’améliorer son taux de couverture des importations, diminuer sa dépendance énergétique, créer de la richesse, de la valeur ajoutée et des emplois. Cela apporterait également plus de transparence au niveau de la formation des prix et, cerise sur le gâteau: en ayant sa propre raffinerie, La Réunion pourrait rajouter 85 % d’éthanol produit localement à partir de canne à sucre et ainsi proposer à la pompe du E85 comme en métropole ! Car c’est actuellement impossible : le code douanier est formel, l’éthanol doit impérativement être rajouté au niveau de la raffinerie.

On nous rétorque aussi qu’avec leur raffinerie, les Antillais ont un carburant plus cher qu’à La Réunion. Mais cet argument ne tient pas : on sait tous que l’essentiel du prix à la pompe est composé de taxes, donc on fait ce qu’on veut à ce niveau, les taxes sont décidées localement, par la Région. C’est donc bien un problème politique, ou plus précisément un problème de politique : La Réunion a-t-elle des élus à la dimension d’un tel projet industriel, qui ne peut se concevoir qu’à l’échelle régionale ?

Volonté politique ?

Car c’est bien beau de parler de coopération régionale, mais ne serait-il pas temps de passer des discours aux actes et intégrer Mayotte, Maurice, Madagascar, Seychelles et Comores dans de vrais projets ? Maurice et les Seychelles possèdent déjà les tankers et Maurice a un laboratoire d’analyse des produits pétroliers, qui fonctionne sous le contrôle d’un organisme certificateur américain. C’est le seul de l’océan Indien (nous en reparlerons prochainement). La question d’avoir des élus à la hauteur d’un tel projet se pose vraiment, surtout quand on entend des remarques du genre : «Oui, mais si La Réunion augmente ses exportations, elle risque de voir certaines subventions européennes baisser, comme cela s’est produit en Martinique…».

Si le projet de raffinerie de l’océan Indien voit jamais le jour, ce sera forcément avec l’aide du groupe Rubis, actionnaire majoritaire (+70 %) de la raffinerie des Antilles depuis 2015, suite au rachat des parts des autres pétroliers. Le groupe Rubis est coté en bourse sur Euronext et a comme actionnaires de référence le groupe Marcel Dassault et le fond américain Blackrock. Pour rappel, le groupe Rubis a racheté en 2015 la SARA aux Antilles mais également à La Réunion l’intégralité des parts de la SRPP (250.000 m3 de stockage au Port + un réseau de stations-service) et en 2017 à Madagascar Galana (260.000 m3 de stockage à Tamatave + son réseau de stations-service). Le groupe Rubis a réalisé un chiffre d’affaires de 5,22 milliards d’euros en 2019, avant l’épidémie, et 3,9 milliards d’€ en 2020 (dont 650 M€ pour la SARA).

 # carburant 

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